Entretien Nancia Randrianasolo, volontaire de solidarité internationale de réciprocité Malgache

« Quand on veut, on peut : le changement commence par soi-même »

— Nancia Randrianasolo, volontaire

Dans le cadre du projet de coopération décentralisée entre l'OPCI  (Organisme Public de Coopération Intercommunale) de Maevatanana et la Commune de Marckolsheim, Nancia Randrianasolo, a rejoint les équipes de Gescod du Bas-Rhin. En tant que volontaire de solidarité internationale de réciprocité (VSI), cette jeune malgache de 26 ans est chargée de mener des projets de sensibilisation et d'animation sur les problématiques liées à la gestion des ressources en eau et à leur valorisation à Marckolsheim. Depuis 2019, la thématique Eau, Assainissement et Hygiène (EAH) est venue s'ajouter au partenariat entre Marckolsheim et l'OPCI de Maevatanana, initié en 2009 pour soutenir la gouvernance locale de l'OPCI.  

Quel a été ton parcours à Madagascar, avant ton arrivée en France il y a un peu moins d'un mois ? 

Nancia : Avant d'arriver à Marckolsheim, j'étais assistante technique en Eau, Assainissement et Hygiène à Gescod, au sein de l'OPCI de Maevatanana. Mon travail consistait à suivre la mise en place des infrastructures en eau potable jusqu'à l'établissement d'une gestion adéquate dans les communes de l'OPCI. J'ai également pris part au projet DIIMA (Développement Inclusif dans l'Intercommunalité de Maevatanana) et c'est dans ce cadre que j'ai suivi la formation « Women Break the Silence » qui vise à fournir aux associations féminines locales un socle de connaissances sur les questions d'égalité femme-homme. Avant de travailler pour Gescod, j'ai eu plusieurs expériences professionnelles au sein du Programme Eaurizon 2025, un projet de coopération décentralisée entre la Région Haute Matsiatra et la Métropole de Lyon. J'étais consultante en suivi et évaluation, et ai contribué à la réalisation des documents pour le développement communal. J'ai un lien très personnel avec ce domaine d'expertise puisque mon père travaillait dans une entreprise qui met en place les infrastructures en eau potable et j'ai donc voulu suivre ses pas et continuer son travail. Ainsi, j'ai obtenu ma licence en environnement, parcours « Gestion des bassins versants » puis j'ai poursuivi mes études et ai obtenu un master en gestion intégrée des ressources en eau à l'université de Fianarantsoa.   

Qu’est-ce qui t’a amené à vouloir faire un volontariat en France, en particulier centré sur l’Education à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI) et les Objectifs de Développement Durable (ODD) ? 

Nancia : Je voulais avant tout partager les bonnes pratiques de la gestion de l'eau. C'est un domaine qui, tout comme l'environnement et l'inclusivité, me passionne et sur lequel j'ai envie d'avoir un impact positif. D'un point de vue plus personnel, ça me tenait à cœur d'être une inspiration pour les jeunes, en particulier pour les filles, qui veulent s'engager pour le développement durable. Et puis, bien sûr, il n'y avait pas que des motivations liées au travail ! Je suis très curieuse et j'aime beaucoup voyager ; j'avais donc envie de découvrir une autre culture. 

De quelle préparation as-tu pu bénéficier à Madagascar avant ton départ en France ? 

Nancia : J'ai suivi une formation au départ dispensée par France Volontaires à Madagascar. C'est cette structure qui m'a accompagnée pour les démarches administratives ainsi que sur les aspects plus « psychologiques » d'une installation dans un autre pays (différence de culture, solitude, etc). J'ai également participé à une de leurs formations sur le développement durable, mais j'avais déjà de solides connaissances dans ce domaine grâce à mon expérience d'assistante technique et grâce aux cours en ligne que j'avais décidé de suivre. Parallèlement, j'ai été formée aux techniques d'animation par Gabriel de Gescod et je continue de me former actuellement. À l'arrivée au siège de Gescod, j'ai bénéficié de la formation de Hervé pour les volontaires internationaux. 

Quelles sont tes missions principales dans le cadre de ton VSI ? As-tu d'autres projets ?  

Nancia : En ce moment, je fais de la sensibilisation et de l'animation sur les questions liées à l'eau à la Maison des jeunes et de la Culture (MJC) « La Bouilloire » à Marckolsheim. C'est quelque chose qui me plaît beaucoup car j'apprécie partager mon vécu, comme raconter la joie des Malgaches lors des installations de nouvelles infrastructures pour l'accès à l'eau. Mon but est que l'on réalise tous ensemble que l'eau est une ressource précieuse qui doit être utilisée de façon responsable et consciente afin de préserver cette ressource.  

En ce qui concerne mes projets, j'aimerais beaucoup visiter d'autres infrastructures d'eau de la région de Marckolsheim. Pour moi, c'est très intéressant de réaliser ce genre de visites puisque ce sont des choses que j'ai apprises à l'université, et les voir en vrai me permet de réellement comprendre leur fonctionnement et de satisfaire ma curiosité. Ces visites me permettent aussi de pousser ma propre réflexion pour améliorer le fonctionnement des infrastructures à Madagascar. Enfin, j'ai un rêve qui me tient tout particulièrement à cœur ; j'envisage de monter un projet sur l'hygiène menstruelle des femmes à Madagascar. Ce VSI me permet donc d'avoir accès à des documents auxquels je n'aurais pas eu accès à Madagascar, ou de discuter avec des personnes qui ont des points de vue différents à ce sujet. Par exemple, j'envisage d'échanger avec les femmes du club couture de la MJC pour peut-être fabriquer des serviettes hygiéniques lavables et adaptées au contexte malgache. En bref, cette opportunité de VSI en France stimule ma créativité et j'ai envie de réaliser plein de projets ! 

As-tu un mot de la fin à partager ? 

Nancia : J'aimerais être un modèle pour toutes les filles et les femmes, pour qu'elles ne cessent jamais de rêver et qu'elles intègrent que leur condition de femme ne doit jamais être un frein à la réalisation de leurs objectifs.